Le devoir de vigilance est un impératif légal exigé des grandes entreprises pour prévenir et atténuer les risques en matière de droits humains, d'environnement, ainsi que de santé et sécurité au travail. Cette obligation s'adresse aux entités françaises ou internationales employant plus de 5 000 salariés sur le territoire français, ou plus de 10 000 employés à l'échelle mondiale.
Le devoir de vigilance sur l'environnement et les droits de l'Homme représente une contrainte légale qui oblige les grandes entreprises à prévenir et diminuer les risques environnementaux et sociétaux dans leurs opérations ainsi que celles de leurs affiliés commerciaux. Cette exigence puise ses origines dans des standards mondiaux renommés, incluant les Principes directeurs de l'ONU sur les entreprises et les droits de l'homme, les Directives à l'intention des entreprises multinationales de l'OCDE et la Déclaration tripartite de principes sur les entreprises multinationales et la politique sociale de l'OIT.
Cette responsabilité varie en fonction des législations nationales et des secteurs d'activité, pouvant aller de la divulgation d'informations à des obligations spécifiques liées à des produits, ou couvrir de manière large les impacts sur les droits de l'Homme et l'environnement.
En France, par exemple, la loi relative au devoir de vigilance oblige les entreprises principales et les donneurs d'ordre comptant plus de 5 000 employés en France ou plus de 10 000 employés globalement à élaborer et appliquer un plan de vigilance. Ce plan doit prévenir les violations des droits de l'Homme, les dommages environnementaux ainsi que les risques pour la santé et la sécurité au travail au sein de leurs opérations, de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs.
Sur le plan de l'Union Européenne, le Conseil et le Parlement ont conclu un accord provisoire sur la future directive concernant le devoir de vigilance des sociétés en matière de durabilité. Cette initiative vise à améliorer la protection des droits de l'Homme et de l'environnement, tant au sein de l'UE qu'à l'international. La future directive ciblera les grandes corporations employant plus de 500 salariés et réalisant un chiffre d'affaires net supérieur à 150 millions d'euros global, y compris les entreprises extracommunautaires générant un chiffre d'affaires net supérieur à 150 millions d'euros dans l'UE, avec une mise en application attendue trois ans après son entrée en vigueur.
Elle prévoit par ailleurs des clauses sur les pénalités et la responsabilité civile en cas de non-respect de ces obligations et exigera des sociétés qu'elles établissent un plan validant la concordance entre leur modèle d'affaires et la stratégie économique avec les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat.
Adopter le devoir de vigilance sur l'environnement et les droits de l'Homme n'est pas simplement une exigence légale. C'est une démarche stratégique pour augmenter votre performance, améliorer votre réputation et accroître votre compétitivité sur le marché. Le devoir de vigilance vous aide à :
Le devoir de vigilance en matière d'environnement et de droits de l'Homme est destiné aux sociétés ayant un impact notable dans ces domaines. Cela concerne les entreprises de grande envergure, celles réalisant d'importants chiffres d'affaires, opérant dans des secteurs d'activité spécifiques, ou en lien avec une chaîne de valeur étendue. Cette exigence couvre tant les entreprises basées en France que celles menant leurs activités à l'international, incluant l'Union européenne.
En France, la législation sur le devoir de vigilance est applicable aux sociétés mères et donneuses d'ordre lorsque leur effectif surpasse les 5 000 employés sur le territoire national ou les 10 000 au niveau mondial. Ces entités sont tenues de concevoir et d'appliquer un plan de vigilance. Ce dernier a pour but de révéler et d'atténuer les risques majeurs liés aux droits de l'Homme, à l'environnement et à la sécurité au sein de leurs opérations ainsi que celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs.
Elles encourent une responsabilité en cas de manquements à ces obligations, devant compenser les dommages occasionnés aux victimes.
Dans le cadre de l'Union européenne, la directive concernant le devoir de vigilance des entreprises sur la durabilité s'applique aux grandes sociétés employant plus de 500 personnes et générant un chiffre d'affaires net dépassant les 150 millions d'euros à l'échelle mondiale, ainsi qu'aux entreprises non européennes réalisant un chiffre d'affaires net supérieur à 150 millions d'euros au sein de l'UE. Ces dernières sont requises d'instaurer et de suivre un système de gestion des risques permettant de détecter, prévenir ou corriger tout impact défavorable sur les droits humains et l'environnement. Un plan de transition écologique aligné sur l'accord de Paris est également à établir.
Le non-respect de ces engagements peut mener à des sanctions et à des poursuites judiciaires.
Le devoir de vigilance sur l’environnement et les droits de l’Homme repose sur une série de normes qualité produits et de principes mis en avant par des organisations à l’échelle internationale, régionale, ou nationale. Leur mission est d’établir des exigences en termes de respect des droits et de l’environnement, tout en fournissant des recommandations et des outils pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de ces principes.
Ces organismes se distinguent comme suit :
Le devoir de vigilance sur l'environnement et les droits de l'Homme demande aux entreprises d'adopter un processus continu et dynamique, réparti en plusieurs étapes clefs :
Cette étape consiste à identifier les risques actuels et potentiels associés aux activités de l'entreprise et de ses partenaires commerciaux. Ces risques doivent être évalués selon leur impact sur les droits de l'Homme, l'environnement, ainsi que sur la santé et la sécurité. Une analyse détaillée du contexte, des parties prenantes, des normes en vigueur et des informations pertinentes est indispensable. Pour rester pertinente, cette cartographie doit être régulièrement mise à jour et communiquée aux parties intéressées.
Cette phase implique de développer et d'appliquer des mesures pour prévenir ou minimiser les risques identifiés. Les mesures prises doivent être adaptées en fonction de la gravité, de la probabilité et de l'urgence des risques. Ces interventions peuvent inclure des actions de formation, de sensibilisation, de surveillance, d'audit, de correction et d'engagement auprès des parties prenantes. Elles doivent être efficaces, mesurées et alignées sur les objectifs du devoir de vigilance.
En cas d'atteinte causée par les opérations de l'entreprise ou de ses partenaires, il est essentiel de mettre en place des mesures de réparation envers les victimes, dans le respect de leurs droits et intérêts. Les formes de réparation peuvent être diverses : restitution, compensation, réhabilitation, garantie de non-répétition, entre autres. Ces mesures doivent être effectives rapidement, équitables, accessibles et menées avec transparence.
Il est important de communiquer de manière transparente sur les actions et résultats liés au devoir de vigilance. Le rapport doit inclure une évaluation des risques, la présentation des mesures mises en œuvre, les éventuelles atteintes identifiées, les réparations engagées ainsi que les axes d'amélioration envisagés. Ce rapport doit être publié annuellement et partagé avec les parties prenantes.
Le coût associé à la mise en œuvre du devoir de vigilance lié à l'environnement et aux droits de l'Homme varie en fonction de critères divers, incluant la taille de l'entreprise, son secteur d'activité, l'étendue de son devoir de vigilance, son niveau d'expérience en la matière, les ressources et outils employés, entre autres. Il est difficile de définir un montant précis qui serait applicable à toutes les entreprises, toutefois, des estimations et des témoignages d'entreprises permettent de se faire une idée.
Une étude réalisée par Pwc-Orse-Bpifrance évalue le coût moyen de l'application du devoir de vigilance pour les PME françaises à 0,1 % de leur chiffre d'affaires annuel, ce qui représente environ 10 000 euros. Ces dépenses englobent la cartographie des risques, la mise en place de mesures préventives et correctives, les actions de réparation, ainsi que les activités de reporting et de communication. Les coûts peuvent varier en fonction du niveau d'engagement de l'entreprise, du nombre d'intervenants impliqués et de la complexité de sa chaîne de valeur.
Pour ce qui est des grandes entreprises, les coûts associés au devoir de vigilance tendent à être plus élevés en raison de la diversité et de l'amplitude de leurs activités ainsi que de leurs réseaux de partenaires commerciaux. D'après un rapport du Parlement européen, le coût moyen s'établit à 0,2 % du chiffre d'affaires pour les grandes entreprises européennes, soit environ 200 000 euros par an. Cela inclut les frais liés à l'élaboration d'un système de vigilance basé sur les risques, à l'élaboration d'un plan de transition écologique, aux audits externes et à la publication d'informations. Ces coûts varient en fonction du secteur d'activité, du niveau de risque et du degré d'innovation, entre autres.
Il est essentiel de souligner que les dépenses engendrées par le devoir de vigilance ne devraient pas être perçues uniquement comme une charge financière, mais plutôt comme un investissement important. En effet, cette démarche peut engendrer de nombreux avantages pour l'entreprise, notamment la réduction des coûts liés aux risques, l'amélioration de la performance, la valorisation de la réputation et l'ouverture vers de nouvelles opportunités de marché, etc.
Selon le rapport du Parlement européen précité, les grandes entreprises européennes pourraient voir un bénéfice net estimé à 0,4 % de leur chiffre d'affaires grâce au devoir de vigilance, soit un gain d'environ 400 000 euros par an.
La mise en œuvre du devoir de vigilance lié à l'environnement et aux droits de l'Homme dépend beaucoup de facteurs variés : la complexité des opérations d'une entreprise, son avancement sur ces questions, les moyens à sa disposition et les outils adoptés. Il n'y a pas de délai fixe pour tous. Toutefois, des estimations basées sur l'expérience de diverses entreprises peuvent fournir des repères.
D'après une étude réalisée par Pwc, Orse et Bpifrance, les PME françaises nécessitent en moyenne 18 mois pour intégrer le devoir de vigilance. Cette période couvre le diagnostic, la cartographie des risques, l'élaboration et l'application de mesures préventives et correctives, ainsi que les actions de reportage et de communication. La durée peut varier en fonction de l'engagement de l'entreprise, du nombre d'intervenants impliqués et de la complexité de son réseau de valeur.
Pour les grandes entreprises, le processus peut s'étendre sur une période plus conséquente, généralement aux alentours de 24 mois, dû à la complexité de leurs opérations et au grand nombre de leurs partenaires commerciaux. Un rapport du Parlement européen cite ce délai comme le temps moyen nécessaire aux grandes compagnies européennes pour développer un système de vigilance adapté, incluant la mise en œuvre d'un plan de transition climatique, l'exécution de vérifications externes et la publication des informations pertinentes. Ce délai varie en fonction de critères comme le secteur d'activité, le niveau de risque associé et la capacité d'innovation de l'entreprise.
Cependant, il est essentiel de reconnaître que le temps d'adaptation au devoir de vigilance ne doit pas être vu comme une contrainte, mais plutôt comme une chance. Ce processus favorise l'alignement des entreprises aux évolutions des conditions de marché, aux attentes des parties prenantes, aux normes en vigueur et aux nouvelles opportunités commerciales.
Á considérer comme un cycle continu, le devoir de vigilance exige une actualisation et une optimisation constantes, s'inscrivant dans une démarche d'amélioration continue.
Le devoir de vigilance concernant l'environnement et les droits de l'Homme représente une démarche continue, nécessitant un suivi et des mises à jour constantes. Pour renouveler ce devoir, il est essentiel de :
Ce processus de renouvellement peut être encadré par des obligations légales, variable selon les pays et secteurs d'activité. En France, par exemple, la loi requiert que les entreprises concernées publient et rendent accessible un rapport annuel de vigilance. Dans l'Union européenne, la directive sur la vigilance durable demande également la publication et la transmission d'un rapport annuel à la Commission européenne et aux autorités nationales.
Au-delà des obligations légales, renouveler le devoir de vigilance peut être motivé par des considérations stratégiques, éthiques ou sociales. En effet, cette démarche permet aux entreprises d'améliorer leur performance, leur réputation et leur compétitivité, tout en respectant les droits de l'Homme et en contribuant à la protection de l'environnement ainsi qu'au développement durable et à la transition verte.